1. Avant-proposLe texte qui suit présente les principaux points de repère d'une biographie de Jean-François Tarnowski. Certains aspects de sa vie ont été plus particulièrement développés, soit parce qu'ils sont relativement peu connus, soit parce qu'ils ont joué un rôle capital dans son existence. Le but de ces développements n'est pas de porter un quelconque jugement, sur les uns ou sur les autres, mais de mieux faire comprendre l'état d'esprit de Jean-François. Tous sont basés sur des documents écrits et des témoignages avérés. Nous les avons reconstitués et décrits avec la plus grande attention. Si, malgré toute cette attention, des inexactitudes subsistent dans les faits rapportés, merci de nous le signaler. 2. Points de repères biographiquesEnfance et lycéeJean-François Tarnowski est né le 25 mai 1948, à la maternité de l'hôpital Tenon, rue de la Chine, à Paris. Ses parents sont d'origine polonaise. Son père, Stanislaw, est maroquinier. Sa mère, Janina, couturière. Ils se sont mariés à Paris, en octobre 1938, et auront trois enfants : Sabine en 1940, Jean-François en 1948 et Daniel en 1953. La famille habite rue de la Mare, dans le XXème arrondissement. Elle déménagera ensuite pour s'installer rue Oberkampf, à proximité du Cirque d'hiver dont le voisinage est resté ancré dans le souvenir de Jean-François. De septembre 1954 à juillet 1959, le jeune garçon effectue sa scolarité dans le primaire à l'école de garçons de la rue Béranger (près de la place de la République). C'est un très bon élève, abonné aux prix d'excellence ou d'honneur. Y compris durant son année de CM2 où il est pourtant victime d'une sérieuse attaque de rhumatismes articulaires. Il entre ensuite au lycée Turgot où il accomplit tout son parcours scolaire dans le secondaire, de la sixième à la terminale. Il est régulièrement inscrit aux Tableaux d'honneur de ses classes. Mais les appréciations de ses professeurs varient en fonction des matières. Ses meilleurs résultats sont dans les disciplines littéraires. En classe de première son professeur de français note par exemple : "Remarquables qualités littéraires de justesse, de clarté et d'aisance. Littérairement très doué". En terminale, son prof de philo affirme : "Très bon à tous égards". Le 30 juin 1966, il est reçu au baccalauréat, série philosophie, avec mention. Année charnière entre lycée et faculté, 1966 est aussi celle où sont publiés les deux ouvrages qui marqueront le plus la formation de sa pensée. Le premier est Le cinéma selon Hitchcock, de François Truffaut. Toute sa vie, ce livre sera pour lui une source d'inspiration et un ouvrage de référence. Et sur les étagères de sa bibliothèque, il ne manquera pas d'ajouter à l'édition originale de 1966, celle de 1975 chez Seghers ainsi que l'édition définitive de 1983 chez Ramsay. Son second ouvrage de référence est Pour une théorie de la production littéraire, de Pierre Macherey. Un livre moins connu et sur lequel nous reviendrons. Jean-François Tarnowski trouve l'un et l'autre à la Joie de lire, la célèbre librairie de François Maspéro, rue Saint-Séverin, où il se rend régulièrement. Il reviendra sur ces années dans un courrier de 2002 : "J'ai eu la chance d'être bon élève. Et même, oserais-je dire, un très bon élève. [...] C'est aussi durant mes études que j'ai eu une deuxième chance : celle de découvrir le grand cinéma. Ce fut au ciné-club de mon lycée, avec le choc inoubliable de la vision des 400 Coups, de François Truffaut. Le cinéma devint alors aussitôt une véritable passion, parce que véhiculant, pour le fils de maroquinier que j'étais, une authentique raison de vivre et de croire en quelque chose." L'envie et l'opportunité de faire du cinéma un métier ne lui viendront que plus tard, après ses études universitaires. Les années de facEn 1966, le bac en poche, le fils de maroquinier s'inscrit à la Sorbonne, dans un cycle d'études littéraires. Le bon élève est tout naturellement un étudiant studieux. Il se familiarise avec les grands noms de la philosophie : Platon, Spinoza, Kant, Hegel... S'enthousiasme pour l'épistémologie (partie de la philosophie qui étudie l'histoire, les méthodes et les principes des sciences) à travers les œuvres de Gaston Bachelard, Alexandre Koyré, Jean Cavaillès, Georges Canguilhem. La découverte de cette école épistémologique française est pour lui "le grand choc intellectuel formateur (et qui dure toujours !)", écrit-il en 2002. Sur le plan des idées, il est aussi attiré par l'approche rigoureuse avec laquelle Louis Althusser et ses disciples proposent de redécouvrir la philosophie marxiste. Enfin, il continue de se passionner pour le cinéma, dont il commence à devenir un excellent connaisseur. Un homme est au point de convergence de toutes ces sources d'intérêt : c'est Pierre Macherey. L'étudiant Tarnowski compte ce philosophe marxiste, disciple d'Althusser, parmi ses profs à l'université. Macherey est l'auteur de Pour une théorie de la production littéraire : nous y revoilà. Dans ce livre ardu, exigeant, il tente de répondre à la question : "Quelles sont les conditions qui font que certains discours fonctionnent comme discours littéraires ?" Autrement dit, quelle est la combinaison d'éléments qui fait la spécificité de la littérature ? En anticipant sur la suite de sa biographie, on peut dire que Jean-François Tarnowski a consacré sa vie à transposer au cinéma le questionnement ouvert par Macherey. Et que l'ensemble des réponses qu'il a apportées, dans la connaissance et la compréhension du septième art, constituent une œuvre singulièrement puissante et originale. Revenons à la Sorbonne, où Jean-François a 20 ans en mai 1968. Il est alors en deuxième année d'études universitaires. C'est-à-dire aux premières loges pour assister aux événements qui secouent Paris et la France entière. Il participe aux manifs et aux occupations, mais reste à l'écart des débordements les plus violents. L'une des conséquences les plus tangibles de mai 68 sera pour lui l'ouverture du "Centre universitaire expérimental" de Paris-Vincennes. Il y est attiré par la qualité des enseignants, le contenu et la nature des enseignements. Bonne pioche sur le plan pédagogique, mauvaise sur le plan administratif. Car cela le conduira à passer non pas une mais deux licences et deux maîtrises de philosophie. Entre-temps, en septembre 1969, il s'inscrit au Judo-Club Parisien, où il apprend le karaté jusqu'au niveau ceinture noire, sous la direction du maître Hiroo Mochizuki. Ses années d'apprentissage, de pratique et de compétition, lui donneront une assurance et une pugnacité qui resteront des constantes de sa personnalité. Au centre universitaire de Vincennes, il passe avec succès la licence en 1969, puis la maîtrise de philosophie en 1970. Son travail d'études et de recherches, rédigé sous la direction d'Alain Badiou, a pour titre : "Éléments pour une théorie du processus cinématographique (Notes sur le «fantasme de la critique»)". Ce mémoire sera à l'origine de sa première publication : un article de 50 pages, dans Les Temps modernes de juin-juillet 1971, intitulé : "De la spécificité du cinéma". Malheureusement pour lui, les diplômes de Vincennes ne sont pas reconnus sur le plan national. Il doit donc renouveler l'exercice, avec d'autres programmes et d'autres enseignants. Ce qu'il fait à l'université Paris I, Panthéon - Sorbonne, où il obtient la "licence ès lettres" en 1970 puis la "maîtrise d'enseignement en philosophie" en 1971. Avec, comme pour la précédente, une mention TB. Cette seconde maîtrise lui ouvre les portes du troisième cycle, où il s'inscrit pour la préparation d'une thèse de doctorat. Cela se passe en octobre 1971, à l'université Paris I, sous la direction du professeur Olivier Revault d'Allonnes. A la suite d'un avis très favorable de ce dernier, et compte-tenu de sa publication dans Les Temps modernes, le candidat Tarnowski est admis directement en deuxième année de troisième cycle. Un succès tout relatif, puisqu'il lui faudra une quinzaine d'années pour mener à bien la préparation de sa thèse, soutenue en 1987. Un bel exemple de constance et de ténacité ! D'autant que résultat final correspondra point par point au plan initial, décrit par Revault d'Allonnes dans son rapport d'octobre 1971. Le prof de philoDe juillet 1971 à juillet 1976 , Jean-François Tarnowski se présente régulièrement aux concours annuels du Capes et de l'Agrégation de philosophie. Mais faute de préparation adéquate, ses notes sont toujours en dessous du seuil fatidique d'admission, même si elles en sont souvent proches. De 1971 à 1978, il est intervenant dans différents organismes culturels, professionnels ou associatifs, d'animation ou de formation. A l'occasion, il est également gérant de supérette ou employé aux Archives municipales de la ville de Paris. A partir de 1975, il enchaîne les vacations. D'abord, comme professeur au Cefep, le Centre de formation et d'éducation permanente. Puis dans deux cours privés de l'enseignement secondaire (Institut Port-Royal et Institut Georges-Mandel) où il enseigne la philosophie pendant l'année scolaire suivante. Dès 1974, il commence surtout à publier régulièrement dans des revues d'actualité cinématographique : Positif, L'Ecran fantastique, Starfix, La Revue du cinéma... De façon significative, son premier article d'avril 1974 dans Positif est consacré à Frenzy, avant-dernier film d'Hitchcock, et s'ouvre par une citation de Macherey. C'est aussi la première fois qu'une revue française publie ce type d'analyse véritablement photogrammatique. Sur le plan éditorial comme sur celui des idées, ce premier article dans Positif est une réussite. C'est aussi le point de départ d'une série de hauts et de bas qui se succéderont dans la vie de Jean-François Tarnowski et mettront ses nerfs à rude épreuve. Jean Mitry, cité dans l'article sur Frenzy, ne prend que tardivement connaissance de son contenu. Il écrit alors, à Positif, une longue lettre en date du 20 avril 1975, qui est publiée dans le courrier des lecteurs de septembre. "Un film est un film, rappelle-t-il, pas un roman [...] Donc -une fois n'est pas coutume- voici enfin une critique cinématographique : qui envisage un film, comment il est fait et pourquoi il est ainsi fait. Je ne saurais mieux dire que "Bravo !"... Néanmoins, tout en partageant (presque) totalement les idées de Tarnowski, je tiens à éclaircir plusieurs points dès l'instant qu'il me cite". Les compliments du grand historien et théoricien du cinéma, ajouté au débat théorique qui s'engage avec lui, sont pour Jean-François de puissants motifs de satisfaction. A son tour, il répond à la lettre de Mitry, avec un nouvel article publié dans Positif en décembre 1976. Il argumente son propos avec une étude sur Psychose, l'un des chefs-d'œuvre d'Hitchcock, où figurent plusieurs analyses photogrammatiques. Au passage, il rend un hommage appuyé à Jean Mitry. Malheureusement, il commet aussi l'erreur de dire, haut et fort, ce qu'il pense des thèses d'un autre théoricien, Christian Metz. Même s'ils sont fondés, ses propos sont d'une férocité qui se retournera finalement contre lui et auront un effet dévastateur sur la suite de sa carrière. Metz ne répond pas aux attaques dont ses thèses font l'objet : ses amis s'en chargent pour lui ! Ils font circuler une pétition où ils dénoncent "un article qui sous le couvert d'une discussion théorique, profère envers Christian Metz une succession d'insultes et d'attaque personnelles". Comme toujours dans ce genre de situation, l'accent mis sur la forme permet d'esquiver le débat sur le fond. La liste des signataires compose un joli bouquet garni d'universitaires et de collaborateurs de diverses revues. Le comité de rédaction de Positif refuse de publier la pétition. En arguant qu'une seule personne était visée : Christian Metz. Et que lui seul pourrait répondre, s'il le juge utile. Les colonnes de la revue lui sont ouvertes. Elles le resteront également pour Jean-François Tarnowski. Mais pour ce dernier, les jeux sont faits, rien ne va plus. Avant même d'avoir pris véritablement son envol, il a déjà contre lui une partie de l'intelligentsia française du cinéma et de ses réseaux d'influence, universitaires en particulier. Il continue néanmoins ses publications, avec une série d'études sur le cinéma fantastique et de science-fiction, dans Positif et L'Ecran fantastique. Mieux, l'Espagne lui offrira l'occasion de prendre une éclatante revanche sur l'adversité. Son article sur Frenzy et sa réponse à Jean Mitry sont en effet traduits en espagnol et édités en 1978, avec la lettre de Mitry et une magistrale introduction du critique Juan Miguel Company. Le tout est réuni dans un ouvrage publié aux Editions Fernando Torres sous le titre Hitchcock : Frenesi / Psicosis - Elementos basicos para una teoria de la practica filmica. A l'occasion de la sortie du livre, son auteur est invité à le présenter au public espagnol, dans le cadre de la XIIIe Foire du livre de Valence. Le 20 avril 1978, il donne une conférence intitulée : "Bazin, Mitry, Metz et la théorie cinématographique". Le "jeune intellectuel français, désireux de proposer des idées nouvelles", comme le décrit un journaliste, a enfin trouvé une vraie tribune pour s'exprimer. Ce sera l'un des grands moments de sa vie. La photo de lui qui figure sur la page d'accueil a été prise à cette occasion : à Valence, en avril 1978. Durant toutes les années suivantes, il restera en contact avec Juan Miguel Company avec qui il a noué des liens d'une indéfectible amitié. Quelques mois plus tard, il lui écrit : "A Valencia, je réalisais un rêve. Tout était magnifique : le voyage, l'accueil, la découverte d'autres intellectuels, la ville, le débat d'idées, la conférence : chacun de ces instants merveilleux est gravé en moi". Mais avant son départ, une fissure s'est installée dans sa vie. Celle dont il est amoureux - et qu'il surnomme l'Ecureuil - met un terme à leur liaison. "Avant Valencia, la rupture était acquise. Objectivement acquise. Mais sur le coup, je n'ai pas voulu y croire". A son retour, "gonflé à bloc" par ce qu'il vient de vivre, il est persuadé de pouvoir retourner la situation. Il multiplie les tentatives en ce sens, mais finit par se rendre à l'évidence. "Il n'y a plus d'espoir. C'est définitif." Comme un boxeur mis K.O., il perd alors pied dans sa vie et se livre à toutes sortes d'excès. Par deux fois, il a un accident grave, au volant de sa DS. Un soir, au cinéma Le Grand Rex, il est pris de vertige dans cette salle immense et victime d'un malaise. L'ouvreuse appelle le médecin de service. Les alertes se multiplient. En septembre, il est "dans un état lamentable d'épuisement physique et nerveux". Ses parents et ses proches s'inquiètent de son état. Il finit par suivre leur conseil et entre en clinique pour une cure de repos. Il en sort en octobre, physiquement remis. Mais pour lui, le plus dur reste à faire : "apprendre à vivre avec ce que Mallarmé appelle la «déchirure au goût d'oiseau»". A partir d'octobre 1978, il reprend ses vacations de professeur de philosophie dans des cours privés : Institut Georges-Mandel, Institut de Monceau et Cours Magellan. Pendant cette période, il ne publie qu'une courte analyse, en mars 1980, sur le film d'Ozu, Voyage à Tokyo. L'année suivante lui réserve une terrible épreuve. Dans l'appartement familial de la rue Oberkampf où il est de passage, il a la douleur de constater lui-même le décès de sa mère, morte dans son sommeil, la nuit du 28 au 29 juin 1981. Plus tard, dans son scénario L'Ecureuil et le Samouraï, il sentira le besoin d'exprimer tout haut les émotions qui le submergent alors. "Elle est morte d'avoir trimé pour nous... Usée avant l'âge... Et moi maintenant, je reste là comme un con, avec toute cette affection que j'ai jamais pu lui dire et lui montrer, parce que j'ai jamais pu me laisser aller. Toujours raide. Même quand je suis devenu apparemment cool !..." Ce à quoi, un autre personnage du scénario lui répond : "Mais elle savait que tu l'aimais..." En cette année 1981, Jean-François enseigne les techniques audiovisuelles à l'Institut de formation de la Banque de France. A partir de janvier 1982, il est professeur d'analyse filmique à l'Esra, l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle. 1982 marque la fin de ses années de transition. Sur le plan personnel, il a tourné la page. Sur le plan professionnel, il a trouvé sa voie : conjuguer cinéma et enseignement. Le prof de philosophie cède définitivement la place à celui d'analyse de mise en scène. Son statut de vacataire, lui, ne change pas. Du moins, pas dans l'immédiat. Ses méthodes pédagogiques non plus : elles restent toujours aussi "affûtées", comme en témoigne le dessin d'humour réalisé par l'un de ses élèves des cours privés du secondaire... En 1983, il s'installe dans l'appartement de la rue Losserand, où il habitera jusqu'à la fin de sa vie. Passion cinémaSon parcours à l'Esra est complexe et mouvementé. Il s'étend sur une période de vingt ans et commence donc en janvier 1982, avec un emploi de professeur vacataire. Dès octobre de la même année, il effectue un service d'heures régulier, mais sans être mensualisé, ni bénéficier du statut de cadre. De 1984 à 1988, il est également professeur et directeur de l'Ipec, l'Institut de préparation aux écoles du cinéma qui deviendra ensuite l'Isec, Institut supérieure d'études cinématographiques, au sein du même groupe privé. Après une interruption d'un an, son parcours à l'Esra reprend en octobre 1989. Ses conditions d'emploi seront revues et modifiées fin septembre 1991. En parallèle, la machine à publier s'est remise en marche et tourne à un rythme soutenu : neuf articles, tous d'un niveau remarquable, de novembre 1982 à juin 1986. Trois textes dans Positif, quatre dans Starfix et deux dans une revue qui peut surprendre au premier abord puisqu'il s'agit de 20 Ans. 20 Ans : le magazine féminin où, d'octobre 1981 à juin 1984, il assure la critique cinéma. Succédant en particulier, soit dit au passage, à Frédéric Mitterrand. Sur deux pages de la revue, il détaille les sorties du mois, les rééditions et s'en donne à cœur joie ! Les billets qui composent sa chronique sont brillants, souvent drôles et toujours cinématographiquement inspirés. La première commence sur les sommets, avec Les Aventuriers de l'Arche perdue. La dernière revient sur un grand classique d'Hitchcock, L'homme qui en savait trop. Jean-François voit un maximum de films, ce qui est toujours formateur. A l'occasion, il retrouve le féroce coup de patte dont il sait faire preuve. L'émotion est aussi au rendez-vous. Comme dans le numéro de juillet 1983, où sa chronique commence par un long billet sur les 400 Coups. "Le plus beau film qui soit en son genre. Parce que le plus "pur" quant à la chimie des émotions et du cinéma. [...] Un pur chef-d'œuvre". François Truffaut prendra la peine d'y répondre, dans une lettre manuscrite : "Votre article sur "les 400 coups" m'a beaucoup ému ; je ne crois pas qu'en 1959 on ait si bien décrit le film". Le mois suivant, en octobre 1983, sa chronique salue la sortie de Vivement dimanche !. Un film sur lequel il revient dans les numéros suivants, avec cette fois un "vrai" article en deux parties : "Un film, c'est tout ça..." Au total, une dizaine de pages de la revue où il détaille, étape par étape, toute la genèse du dernier film de Truffaut, du scénario au mixage, en passant par le tournage et le découpage. Un véritable condensé d'art cinématographique (que Jean-François cosigne avec celle qui, pendant un temps, remplace l'Ecureuil dans son cœur). L'histoire de cette étude ne s'arrête pas là. Une fois remaniée et augmentée par son auteur, elle sera jointe à d'autres, pour faire partie des Essais d'esthétique et de philosophie du cinéma qui composent la Thèse de Jean-François Tarnowski. Lancé en 1971, le projet est en effet sur le point d'aboutir. L'ensemble de ces essais est déposé, dans sa version finale, fin 1985. Il constitue une somme théorique couvrant l'art du cinéma dans ses différents aspects. La première partie de cette thèse est consacrée à la mise en place de la plate-forme conceptuelle avec : - une approche "abstraite" (tirée de son premier article dans Les Temps modernes), - et une approche "concrète", sur Vivement dimanche ! La seconde partie est une application des concepts principaux, à travers trois études : - celle d'un chef-d'œuvre : Casque d'or, de Jacques Becker (tiré d'un projet de livre non publié), - celle d'un genre cinématographique : le fantastique et la science-fiction. Avec à la fois une approche générale et l'étude d'un cas concret : Invasion of the Body Snatchers, de Don Siegel, - enfin, celle de deux auteurs : Alfred Hitchcock, pour le classicisme dramatique, et Michelangelo Antonioni, pour l'anti-dramaticité. Quel parcours dans le septième art ! La soutenance se déroule le jeudi 26 novembre 1987, à 10 heures, dans une salle de la galerie J.-B.-Dumas de la Sorbonne. Le président du jury est Marc Ferro, de l'EHESS, le rapporteur est Olivier Revault d'Allonnes et le troisième membre du jury Claude Beylie, ces deux derniers de l'université Paris I. A l'unanimité, la thèse obtient la mention Très Bien. Dans son rapport, Marc Ferro "félicite le candidat, qui a osé entreprendre une thèse de grande ambition théorique". Olivier Revault d'Allonnes, lui, rappelle "dans quelles conditions, parfois difficiles, le candidat a travaillé". Enfin, Claude Beylie, le "Monsieur Cinéma" de l'édition française, ne relève que trois minuscules erreurs factuelles, sur les 510 pages de la thèse. Avant d'ajouter : "L'exégèse que propose M. Tarnowski sur Casque d'or est d'une grande pertinence. Certaines analyses de séquence sont remarquables [...] Au-delà, M. Beylie trouve que le travail de M. Tarnowski mérite beaucoup d'éloges. Il s'appuie sur de beaux films, tient compte des enjeux fondamentaux de l'esthétique cinématographique, ajoute une pierre à l'édifice d'un Bazin ou d'un Mitry [...] M. Beylie engage le candidat à poursuivre plus avant ses recherches dans cette voie royale". Ceux qui connaissent l'étendue du savoir de Claude Beylie sur le cinéma apprécieront. Entre-temps, la "voie royale" est déjà repassée par l'Espagne. En juillet 1985, il retrouve son ami, le critique Juan Miguel Company, à Valence. "El teorico frances", comme on l'appelle ici, est invité au deuxième symposium international sur la Théorie du spectacle, consacré à la méthodologie de l'analyse des images. Sa conférence couvre un vaste sujet : "Projet-programme pour la théorie du cinéma en tant que théorie du spectacle : l'analyse filmique comme analyse de mise en scène". L'occasion d'une nouvelle "chevauchée fantastique" dans "les grands espaces" du septième art ! Après ces moments forts, du symposium et de la Thèse, il reprend le fil de ses publications et de son enseignement. Dans le groupe Esra, où il continue son parcours de professeur vacataire, avant de devenir, en octobre 1991, professeur et directeur du département de mise en scène. Ainsi que dans l'enseignement public, où il est chargé de cours à l'université de Valenciennes en 1988/1989, puis à Paris I de 1989 à 1997 (en licence et DEA). Coup sur coup, en 1987 et 1988, il publie deux articles qui feront date, dans La Revue du cinéma. L'un sur le prologue de Citizen Kane, l'autre sur la mise en scène de la politique. Dans ce dernier, il revient sur le débat Mitterrand / Barre de 1977, avec une remarquable leçon de cinéma, qui est aussi une leçon de politique. 1992 est marquée par une nouvelle épreuve. Son père, Stanislaw Tarnowski, décède au soir du 9 février, à l'âge de 81 ans. Vivant seul, depuis la mort de son épouse, il avait progressivement perdu une partie de ses facultés, ce qui avait conduit ses trois enfants à le placer en maison de retraite. Parfois rude dans son comportement et son caractère, c'était aussi un remarquable maroquinier et un très bon danseur (talent dont seule sa fille a hérité). Stanis et Yanka, comme on les surnommait, reposent désormais tous deux, dans leur sépulture du Père Lachaise. Réunis pour toujours dans la paix. Les parents
Tarnowski (au premier plan)
En 1993, Jean-François ajoute à sa liste deux articles à caractère psychanalytique. "De l'énigme à la mélancolie (à propos d'Œdipe-Roi et Citizen Kane)" est publié dans la revue Psychanalyse à l'université, dont Jean Laplanche est directeur de la publication. Il est suivi, dans Positif, par une étude sur Jurassic Park et "Cette autre préhistoire en nous, l'enfance...". Son introduction donne le ton : "Aussi étonnant que cela paraisse, Jurassic Park constitue après et avec Alien de Ridley Scott, la plus extraordinaire introduction à la psychanalyse qui soit. Je veux dire : dans ce qu'elle théorise de plus fondamental en nous. Et selon ses reproblématisations les plus récentes". Dans la tourmente1993 marque à la fois un coup d'arrêt dans ses publications et le début de trois ans de conflit à l'Esra. Avec d'autres établissements privés, cette école fait partie de la S.A. Geemac, Groupe européen d'enseignement des métiers de l'audiovisuel et de la communication, dont le président directeur-général est Max Azoulay. A la rentrée d'octobre, des enseignants jusque là non mensualisés se voient proposer des contrats à durée déterminée dont ils jugent les conditions irrecevables. Ils font alors appel à plusieurs syndicats et coordonnent leur action au sein d'une intersyndicale. Jean-François Tarnowski est solidaire. Avant d'être mensualisé en 1991, lui-même a enseigné pendant huit ans dans les mêmes conditions. Ses collègues obtiennent gain de cause en mars 1994. Un accord d'entreprise est signé par le PDG du Geemac et les représentants syndicaux. Mais dans les semaines suivantes, la direction change d'attitude et lance un plan de restructuration. Georges Touati et Michel Xerri s'y opposent avec détermination et quitteront l'Esra dans le cadre d'un départ durement négocié. L'école perd deux professeurs qui ont contribué à son succès, Jean-François deux amis. Le conflit reprend en septembre 1994 et s'aggrave à l'automne. Il porte sur le plan de licenciement et de réduction d'horaires. En décembre et janvier, pas moins de dix procédures de licenciements sont lancées contre sept élus du personnel et trois non élus. Jean-François Tarnowski fait partie du lot. Son licenciement, comme ceux des autres élus, est conditionné à la délivrance d'une autorisation par l'Inspection du travail. Les sept demandes sont rejetées. La direction en prend acte dans un protocole d'accord signé en février 1995. Les salariés protégés et non protégés sont réintégrés. Les deux parties reconnaissent la nécessité de rattraper le temps perdu dans l'année scolaire. En mars 1995, un nouveau chef d'établissement entre en fonction. Le climat au sein de l'Esra s'améliore. Pas pour longtemps ! Dès septembre 1995, Jean-François doit de nouveau se battre pour le maintien de ses heures de cours. Fin 1995, les problèmes restent posés. Il apparaît aussi que l'action du nouveau chef d'établissement est pénalisée par l'absence d'un véritable pouvoir de décision. "La dichotomie de la direction rend chaque problème extrêmement long à régler", soulignent les représentants du personnel. Le 26 mars 1996, l'Esra connaît la première grève de son histoire. D'autres suivront, causées par un désaccord persistant sur les conditions et l'organisation du travail. La direction porte alors l'affaire devant la justice. Plusieurs actions seront intentées contre les représentants du personnel, pour obtenir que les grèves soient déclarées illicites. Toutes les demandes seront déboutées. En mai et juin, le conflit se transforme en guerre ouverte entre le PDG du Geemac et le directeur d'établissement de l'Esra. Après une série de rebondissements, ce dernier est mis à pied le 17 juin. C'est le détonateur d'un nouveau mouvement de grève qui dure jusqu'au 8 août. Le licenciement du directeur d'établissement, lui, est entériné par les prud'hommes. Fort de ce jugement, le PDG du Geemac multiplie les actions en justice. Le 30 août, douze personnes, dont Jean-François Tarnowski, sont assignées à comparaître devant le TGI de Paris. Il leur est notamment demandé un million de francs de dommages et intérêts, dont la moitié au seul profit personnel de Max Azoulay, PDG du Geemac. Le 29 octobre, cette demande est jugée irrecevable, les autres sont déboutées. Toutes ces procédures ont un coût : au final, ce sont les parents d'élèves qui paient la note. A la rentrée d'octobre 1996, les protagonistes reprennent tant bien que mal le chemin de la cohabitation. Du moins, ceux qui restent ! Beaucoup sont partis, dans le cadre de départs - négociés ou non - et de licenciements. Jean-François Tarnowski coordonne la rédaction d'un rapport sur la préparation et l'organisation des tournages de fin d'année des élèves. Remis à la direction, par le comité d'entreprise, ce rapport fera l'objet de discussions tout au long de l'année suivante. L'odeur de la poudre se dissipe. Mais ces années de conflit laisseront des traces durables. Enseignant et scénaristeDans l'enseignement public, Jean-François Tarnowski exerce son activité dans un environnement nettement plus paisible. De 1989 à 1997, pendant huit ans, il est chargé de cours à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne. Là comme ailleurs, il remplit les salles et communique sa passion du cinéma. Là comme ailleurs, le contenu de son enseignement est directement basé sur ses propres recherches et investigations théoriques et pratiques. Là comme ailleurs, il s'appuie sur des analyses concrètes et des études de film plan par plan. Cela apparait jusque dans les sujets d'examen qu'il concocte à l'attention ses étudiants. En juin 1995, par exemple, les deux questions proposées sont : 1. Pouvez-vous, en partant impérativement d'un exemple concret et détaillé de votre choix, définir ce qu'est le découpage. 2. Evoquez plan par plan un très court moment de cinéma de votre choix, en commentant rigoureusement les pertinences de mise en scène. En 1993, il est inscrit sur la liste de qualification aux fonctions de maître de conférences. Par deux fois, en 1994 et 1995, il est candidat à la titularisation. La première année, le poste est attribué sur une mutation et non sur un recrutement. Pour le directeur du département où il enseigne, c'est une "injustice d'autant plus grave que son profil scientifique et humain correspondait parfaitement au poste mis au concours". L'année suivante, la candidature de ce "collaborateur irremplaçable" ne sera pas davantage retenue. Chez les étudiants, ces décisions suscitent la stupéfaction. Comme en témoigne l'un d'eux, dans un courrier adressé en mai 1995, au directeur de l'UFR concernée : "Je peux attester, tant en mon nom propre qu'au nom de toute la classe, que l'enseignement de M. Tarnowski est d'un niveau et d'une qualité exceptionnels (...) Son enseignement vivant, aussi original que complet, nous a présenté l'étude de l'esthétique et l'analyse de films sous une forme très différente de ce que nous aurions pu imaginer et, par là même, l'a rendue très attrayante". Le soutien de ses collègues et de ses étudiants n'étant pas suffisant, il trouve un moyen original d'accroître ses chances, en montant le volumineux dossier d'un projet de centre universitaire du film. Son idée est de faire tourner les étudiants de cinéma en 16 mm, sur des sites de fouilles archéologiques. Chiffrée à un très faible coût, devis à l'appui, l'idée est d'autant plus séduisante qu'elle est lancée dans une UFR d'histoire de l'art et d'archéologie. Durant l'année, un nouveau poste est dégagé, mais non attribué aux études cinématographiques. Cette fois, c'en est trop. A la fin de l'année scolaire 1997, il tire sa révérence. Sur des promesses de reprise de contacts qui resteront lettre morte. Durant toutes ces années 1990, ce travailleur infatigable se consacre aussi à une autre activité qu'il affectionne particulièrement : l'écriture de scénarios. Outre L'Ecureuil et le Samouraï, que nous avons déjà évoqué, il rédige plusieurs autres textes, dont certains sont enregistrés à la SACD, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Tous sont dactylographiés sur le Macintosh Classic dont il a fait l'acquisition en 1991. Il collabore également avec des amis ou d'anciens élèves. Sa méthode de travail favorite passe par des séances de brainstorming, où les rires, l'amitié et la créativité sont de la partie (voir page Scénarios). L'un de ces anciens élèves est Florent-Emilio Siri, dont le premier long métrage, Une minute de silence, sort sur les écrans en novembre 1998. Il entame avec Jean-François une collaboration sur plusieurs projets, parmi lesquels celui de Nid de guêpes. Fin 1999, une première continuité dialoguée du film est élaborée. Un contrat de production est signé le 17 mars 2000. La version définitive du scénario sera mise au point dans la foulée, par les deux coauteurs, avec l'aimable collaboration de Benoit Magimel. Le film sort sur les écrans le 6 mars 2002, la même semaine que Monsieur Batignole. Dans les salles, le "western urbain" de Siri est assez largement distancé par la comédie douce-amère de Gérard Jugnot, surtout en province. Le succès espéré n'est pas au rendez-vous. Chacun en tire ses propres conséquences. Vers le dénouementJean-François en est d'autant plus affecté que de nouvelles tensions se manifestent dans son travail à l'Esra. En particulier, avec le directeur d'établissement auquel il reproche, par exemple, dans une lettre de février 2001, d'avoir transgressé une importante directive pédagogique. Au-delà des faits rapportés, ce courrier montre la dégradation des relations qu'il entretient avec sa hiérarchie. Jean-François se plaint notamment de ne pas être soutenu par la direction lorsque son travail d'enseignement l'amène à sanctionner le comportement de certains élèves. Comportement qu'il juge parfois inadmissible, voire insultant, mais que tolère la direction. A cette situation potentiellement explosive, lui-même ajoute, en 2002, une dose supplémentaire de combustible. A partir de mai, sa capacité à supporter les contrariétés semble avoir trouvé ses limites. Par téléphone ou par écrit, il lui arrive de réagir en agressant verbalement ses interlocuteurs, de façon parfois très violente. En juillet, il apprend qu'un poste a été attribué à l'université, sans qu'il en soit prévenu. Sa réaction est terrible : il s'en prend à tous ceux qui, de près ou de loin, sont concernés par cette affaire. Y compris au sein de l'Esra, à la rentrée de septembre 2002. Il commet là une faute que la direction décide de sanctionner lourdement. Le 18 octobre, elle lui signifie son licenciement, en raison de "son comportement incontrôlable [qui] perturbe le bon fonctionnement de l'école". Jean-François conteste le motif de son licenciement et entreprend de faire valoir ses droits devant les prud'hommes. Mais avant que l'audience ne se déroule, une transaction est signée en novembre, entre le PDG du groupe Esra et lui. Elle marque le dénouement de l'histoire et met un point final à vingt ans de collaboration. Exprimée dans un langage franc et direct, une lettre en date du 20 décembre 2002, illustre la tonalité générale des témoignages qu'il reçoit : "Monsieur, J'ai été votre élève ces trois dernières années, et je viens d'apprendre qu'on vous a renvoyé de l'Esra. Ce sont naturellement des imbéciles : vous étiez l'un des seuls intérêts de cette foutue école. Merci encore de vos cours singuliers. Bonne continuation." Les années suivantes sont difficiles à gérer sur tous les plans. Personne ne sait alors qu'elles seront aussi très courtes. Jean-François Tarnowski se consacre principalement à l'écriture de nouveaux scénarios. Avec le temps, il a apparemment réussi à tourner la page, dans de bonnes conditions. Le meilleur signe en est la longueur de sa liste de projets, qui ne cesse d'augmenter. En octobre 2004, il reprend même une activité d'enseignant, dans un nouvel établissement privé : l'Eicar, Ecole internationale de création audiovisuelle et de réalisation, dont le directeur est son ex-collègue et ami, Georges Touati. Mais fin 2004, son état de santé se dégrade rapidement et brutalement. L'une de ses voisines dira par la suite, qu'en l'espace de quelques semaines, il aura maigri à vue d'œil. Sa maladie prend tout le monde de vitesse : sa famille, ses amis et lui-même. Le jeudi 10 février 2005, sa sœur, son frère et lui se retrouvent à la Crypte Polska, le restaurant près de l'église polonaise de Paris. Le vendredi 11 mars, il invite Christophe Lambert et Marie Eynard, ses deux plus fidèles amis et anciens élèves, au restaurant chinois en bas de chez lui. Le dimanche 13 mars, sa gardienne d'immeuble le croise dans le couloir. Une dernière fois. Le mercredi 16 mars, s'inquiétant de ne pas avoir de nouvelles, Christophe revient accompagné d'un autre ancien élève. Ils font part de leur inquiétude à la gardienne, qui prévient la propriétaire. Tous décident alors d'entrer dans l'appartement de Jean-François, dont la gardienne a un double des clés. Ils découvrent son corps gisant inanimé. Le jeudi 17 mars, à Bordeaux, la sœur et le frère de Jean-François apprennent son décès. Le lendemain, ce dernier se rend à Paris. Quelques jours plus tard, avec l'aide d'un groupe d'anciens élèves, il commence à trier et à sauvegarder les archives de son frère. En vue d'un travail de mémoire qui se poursuit aujourd'hui. Les obsèques se déroulent le mercredi 30 mars. Le corps de Jean-François Tarnowski est incinéré au cimetière du Père Lachaise. Comme lui-même en avait exprimé le souhait. La salle du crématorium s'avère trop petite pour accueillir tous ceux qui accompagnent une dernière fois leur parent, leur ami, leur voisin et leur prof. Parmi les membres de la famille, l'un de ses neveux n'a pu se rendre aux obsèques. Il est resté à Bordeaux, aux côtés de sa femme qui est sur le point d'accoucher. Dans l'après-midi du 30 mars, au moment même où les cendres de Jean-François sont dispersés au Père Lachaise, son sixième petit-neveu voit le jour. La vie continue son chemin. |